Synthèses des conférences 2014

L'animation par téléphone : comment Google fabrique des films | L’animation par téléphone : comment Google fabrique des films - Intervenants : Jan Pinkava, Karen Dufilho-Rosen ; modérateur : Simon Vanesse © E. Perdu/CITIA

L'animation par téléphone : comment Google fabrique des films

  1. Intervenants
  2. Modérateur
  3. Synthèse
  4. Windy Day
  5. Buggy Night

Sommaire

Jan Pinkava et Karen Dufilho ont produit deux courts métrages interactifs et immersifs pour smartphones dans le cadre du programme ATAP (Advanced Technology and Projects) de Google, dont l’objet est de soutenir des projets d’innovation autour de nouveaux usages des smartphones. Avec Windy Day et Buggy Night, le détenteur du téléphone devient réalisateur dans la mesure où il peut cadrer dans l’image où et quand bon lui semble. La narration est quant à elle non interactive. Cette liberté de caméra s’ajoute à une histoire séquencée pour donner un "film vivant" selon les termes de ses créateurs, une équipe répartie dans le monde entier qui a travaillé de manière collaborative et nomade à ces courts métrages disponibles pour l’instant uniquement pour les clients Motorola.

Intervenants :

Modérateur :

Mots clés

Google, ATAP, Windy Day, Motorola, Buggy Night, smartphone, téléphone, Moto, app, périphériques, devices, 3D, 360, court métrage, interactif, immersif 

Synthèse

Le Joueur d'échecs (Geri’s Game) est un court métrage d'animation produit par Karen Dufilho pour les studios Pixar et réalisé par Jan Pinkava en 1997. Lauréat d’un Oscar en 1998, le film a marqué une étape importante dans l’histoire de l’animation numérique.

Jan Pinkava, également coréalisateur de Ratatouille, et Karen Dufilho ont rejoint depuis la société Google via sa plateforme Advanced Technology and Projects (ATAP) qui réunit plusieurs projets de R&D autour des technologies et périphériques nomades de Google. "ATAP travaille à favoriser l’accès à l’ensemble des potentialités des périphériques" (smartphones, tablettes, TV connectées), explique en préambule Jan Pinkava. "En effet, actuellement, nous n’utilisons nos smartphones qu’à une faible proportion de leurs capacités."

Partant du principe qu’un smartphone allie une dimension de services (annuaires, calendriers, etc.) à une variable émotionnelle (musiques, photos, vidéos) dans un contexte technologique, Google leur a proposé de travailler à de nouveaux contenus. Le brief était simple : créer quelque chose intégrant de l’émotion pour le téléphone. "Nous avons naturellement pensé à un film, mais si nous devions l’envisager dans la perspective de l’usage sur un smartphone, cela sous-entendait de donner au public la mainmise sur la caméra", résume Jan Pinkava.

En poussant plus avant leurs réflexions, ils ont choisi de s’affranchir de toutes les règles de la cinématographie comme le cadre, le plan par plan (cut) et de facto le montage. "Il ne s’agit ni d’un jeu vidéo, ni d’un film avec un début, un milieu et une fin."

Windy Day

Windy Day

Le premier exemple présenté s’intitule Windy Day ; il s'agit d'un film immersif et interactif, non pas dans le sens où le spectateur peut agir sur la narration mais où il peut en maîtriser la temporalité. "La seule interaction, c’est de regarder ; il n’y a pas de moyen d’interagir avec les personnages, pas de choix dans l’histoire et pas d’action exigée pour poursuivre la narration."

Concrètement, Jan Pinkava a présenté à la salle un smartphone fixé par un rig devant une caméra afin de projeter film et gestion de sa projection à l’audience. "Une fois que l’app est lancée, vous avez devant vous un court métrage à la narration potentiellement linéaire. Le smartphone fait office de projecteur et de caméra et le spectateur peut tout à fait suivre l’action principale de bout en bout, en audience passive, ou découvrir le décor alentour, une action secondaire. Dans ce cas, l’histoire principale se met en pause et recommence au point d’arrêt lorsque la 'caméra smartphone' retourne sur celle-ci." Windy Day est à la croisée du film et du jeu en temps réel.

Produit en 9 mois, le film s’appuie sur un fabricant de smartphones, Motorola, une équipe de graphistes et développeurs issue du jeu vidéo et une autre constituée d’artistes du monde du cinéma d’animation. "Nous avons constitué l’équipe en fonction des besoins de compétences tout en ne souhaitant pas formaliser un vrai studio de production", explique Karen Dufilho qui a donc recruté à Valence, São Paulo, Bangkok, Tokyo, Copenhague, Vancouver, Sunnyvale, Los Angeles et Portland, où réside Jan Pinkava. La plupart des réunions s’effectuaient par Skype même si, pour les étapes importantes de production, tout le monde se retrouvait à Portland.

À l’inverse du jeu vidéo, la création des environnements n’a pas été faite sur 360° "car il nous semblait difficile d’imaginer quelqu’un faire bouger son smartphone dans tous les sens, mais nous avons établi un décor conçu comme pour une demi-sphère, permettant d’aller à gauche/droite, haut/bas, qui apparaît en fonction des mouvements impulsés, en temps réel".

Après l’image, Jan Pinkava et son équipe ont réfléchi à l’architecture à mettre en place pour les ambiances sonores : "Nous avons créé des plages de musique qui se chevauchent comme des tuiles, ce qui fait que, quelle que soit la direction prise par la caméra/spectateur, la musique originale n’a aucune coupe. Elle fait même partie intégrante de la narration puisque son intensité varie en fonction de l’éloignement de la caméra : plus on se 'perd' dans l’environnement, plus elle perd de l’importance pour devenir musique de fond ; plus on se rapproche de l’action principale, plus elle gagne en intensité". Ce court métrage était proposé gratuitement uniquement pour les détenteurs du Motorola Moto X.

Buggy Night

Buggy Night

Leur second film, Buggy Night, met en scène un petit groupe d’insectes effrayés par la lumière d’une lampe-torche, figurée par le smartphone. "Lorsque vous bougez votre caméra, vous éclairez une portion de la forêt ; on peut donc tout à fait perdre de vue nos insectes et découvrir d’autres animaux nocturnes", résume Jan Pinkava.

Si celui-ci ne souhaite pas spécialement mettre sur pied un studio de production, il s’avère pourtant qu’un troisième court est actuellement en développement ; il sera réalisé par Glen Keane, créateur de Tarzan et Raiponce notamment.

Rédigé par Stéphane Malagnac, Prop'Ose, France

Traduit par Sheila Adrian

Les synthèses des conférences Annecy 2014 sont réalisées avec le soutien de :

DGCIS      Ministère de l'économie, du redressement productif et du numérique      Région Rhône-Alpes

Conférences organisées par CITIA CITIA

sous la responsabilité éditoriale de René Broca et Christian Jacquemart

Contact : christellerony@citia.org

 Retour